Si vous faites du tourisme, un accompagnateur spécialisé, un guide, pourrait être utile. Surtout, si comme tout agiliste qui se respecte, vous partez à la montagne. Mais ce n’est pas de ce type de personnes dont je souhaitais parler aujourd’hui.
Il y a peu, je vous présentais l’AME, l’essence de l’agilité (« Humilité ? Humilité ? Ha oui ! C’est le truc où je suis N°1… Comme pour tout le reste d’ailleurs ») en seulement 3 principes.
Cette façon de décomposer l’agilité éclaire de nouveaux angles d’approche et met en lumière la nécessité d’un rôle d’accompagnateur agile spécialisé.
Par exemple, les principes de proactivité et de personnes requièrent quelques conditions précises et on pourrait faire de ce rôle le garant de leur présence.
Assurer protection, puissance et permission…
La proactivité nécessite tout d’abord du courage. Transformer toute situation en opportunité demande des efforts et de l’implication, un engagement de responsabilité pour prendre en main le cours des choses. Cela nécessite donc l’établissement d’un certain nombre de permissions qui donneront la possibilité de réaliser les actions nécessaires pour être proactif. Pour être parfaitement rassuré sur notre capacité à prendre ces actions, il nous faut des moyens. D’aucuns parleraient de puissance. Comme le premier principe, celui expliquant que construire un logiciel est un problème complexe, implique qu’on ne peut pas réellement anticiper le résultat de nos actions, il est évident que nous allons rater des choses. Ces échecs sont normaux et ne doivent pas se retourner contre ceux qui ont réalisé les actions, ni utilisés contre eux. Cela nécessite donc la mise en place d’un certain nombre de protections.
Protection, Puissance, Permission… Vous m’avez sans doute vu venir. Il s’agit du fameux triangle thérapeutique, parfois simplement appelé 3P.
On pourrait attribuer la responsabilité d’assurer les 3P à un rôle spécifique dans les organisations devant construire un produit informatique.
Elargir le champ des possibles
La proactivité nécessite aussi une réelle liberté de choisir. Cela va au delà de la simple permission. Il faut un certain nombre de possibilités pour choisir. Plus cet éventail de possibilités est vaste plus nous pouvons exercer notre liberté de choisir et plus nous maximisons nos chances de trouver un moyen d’être proactif.
Aider les gens à élargir leur « champs des possibles » pourrait également être une redevabilité du rôle que nous avons imaginé plus haut. Il s’agirait de montrer de nouvelles voies, d’aider à l’émergence d’alternatives, etc.
Garantir un cadre propice
Le principe de personnes, implique lui aussi la mise en place de certaines conditions. Les gens font les meilleurs choix (on a déjà vu au dessus qu’il fallait leur offrir le plus vaste ensemble de possibilités envisageable) s’ils sont dans de bonnes conditions pour le faire. Leurs besoins psychologiques de base (voir Analyse Transactionnelle) doivent être satisfaits pour qu’ils puissent se consacrer pleinement à leurs tâches. D’autres besoins doivent être comblés pour assurer la motivation nécessaire à l’accomplissement de leurs tâches et les éléments perturbateurs doivent être tenus le plus possible à l’écart. Bref, il faut garantir un cadre propice à l’exercice du principe de personnes.
Alterner les postures
Pour garantir les 3P la personne tenant le rôle que nous venons d’imaginer devra adopter différentes postures.
Pour assurer la puissance, elle pourra enseigner de nouvelles aptitudes, de nouveaux savoirs-faire et de nouveaux savoirs-être. Elle sera donc formatrice.
Pour accorder les permissions requises, elle pourra se mettre en position de coach ou de mentor.
Pour créer le cadre propice à l’application des 3 principes de l’AME, cette personne pourra revêtir une casquette d’expert, de consultant. Elle apportera des pratiques, des recommandations et des préconisations à suivre pour créer les bonnes conditions décrites plus haut et assurer la protection nécessaire à la proactivité, dernier élément des 3P qu’il nous manquait encore.
Vu que le nom est déjà établi…
Ce rôle, vous l’avez sans doute déjà compris depuis longtemps, c’est celui de coach agile (oui, j’essaie de faire croire que je suis utile^^). On pourrait encore creuser les redevabilités que l’AME (ou même le manifeste Agile d’origine qui, comme on l’a vu, est une version détaillée de l’AME) implique. On pourrait par exemple mettre en avant le fait que la proactivité mène à devoir penser plus souvent en terme de solution qu’en terme de problèmes à surmonter. Des techniques de coaching dédiées à ce nouveau paradigme ont justement été créées (solution focused therapy, etc.) mais avec l’énoncé de L’AME, on parvient mieux à raccrocher les wagons entre la théorie du rôle de coach, de ses outils et l’agilité telle qu’imaginée en 2001 lors de la rédaction du manifeste. Le nouvel éclairage sur l’agilité apporté par L’AME permet de mieux envisager les réflexions qui ont façonné le rôle tel qu’on le connaît aujourd’hui. Si on percevait très bien l’intérêt des savoirs-faire et des savoir-être décrits un peu partout, il était peut-être moins évident de comprendre l’origine de leur mise au point.
Par ailleurs, il faut noter que le nom de ce rôle est sans doute mal choisi. On l’a vu, un coach agile n’est pas seulement un coach. Il doit adopter d’autres postures. Mais maintenant que les clients recherchent des « coachs agiles », il va être difficile de se vendre en tant que « protecteur d’AME ». Dommage, le côté ange-gardien flattait bien mon ego…
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